Un été à Rome – C’est ici que les Romains s’empoignèrent…

15h23. Je quitte la Piazza di Spagna sous un soleil cuisant et m’engouffre dans la station de métro climatisée. Ô joie. De l’air, enfin. Les vendeurs obstinés de selfie-stick et de faux sacs Chanel ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Je m’imagine déjà dans le wagon, bercée par le son régulier du train. Mon bonheur ne sera que de courte durée. Le perron est aussi plein que la Grand-Place de Bruxelles un 21 juillet, ou que Times Square un 31 décembre. Qu’à cela ne tienne, il en faut plus pour décourager les Romains et les nombreux touristes. Arrivée du prochain métro : huit minutes. Parfait, ça me laisse juste assez de temps pour me noyer dans cette marée humaine. Lorsque le métro arrive enfin, c’est la guerre. Chacun joue des coudes et tente par tous les moyens d’atteindre le wagon salvateur. Pour peu, j’imagine les passagers armés d’un bouclier, portant fièrement l’étendard chrétien comme s’il s’agissait de la libération du tombeau Christ. D’accord, j’exagère peut-être un tout petit peu.

L’autre jour, ma prof d’italien me demandait quel élément me déplaisait à Rome. Sur le coup, j’ai été incapable de trouver quoi que ce soit. Maintenant que j’y pense, c’est pourtant évident : les transports… Moi qui pensais que le système des transports en commun à Bruxelles était médiocre, me voilà toute rassurée : on peut visiblement toujours trouver pire ailleurs ! J’imagine qu’ils attendent que les usagers, poussés par la foule, tombent sur les voies avant de songer à augmenter la fréquence des métros. Et puis, fermer les stations à 21h30, on en parle ? Je ne compte plus les fois où je me suis retrouvée coincée car je venais de manquer le dernier passage. Pas vraiment pratique quand on organise la moindre sortie. D’accord, pour ce qui est de la fermeture à 21h30, il parait que c’est temporaire. Juste le temps que les travaux soient terminés. Le problème, c’est justement que les travaux sont sans cesse ralentis par la découverte de ruines antiques. Autant attendre la légalisation du mariage gay en Inde.

Vous me direz, « Qu’est-ce qu’elle a à nous faire chier avec ses histoires de métro débiles ? Elle n’a qu’à prendre le bus et qu’on n’en parle plus ! ». Que j’aimerais pouvoir vous donner raison. Malheureusement, soit c’est moi qui ai le QI d’une huître, soit le fonctionnement de ceux-ci requiert un doctorat en mécanique quantique. Mon orgueil me force à croire qu’il s’agit de la seconde option. Évidemment, comme pour les métros, la fréquence des bus est aussi élevée que le nombre de McDo dans le désert du Sahara. De plus, les panneaux d’arrêt n’indiquent aucun horaire de passage. Ici, tout se joue au petit bonheur la chance. Et vous verrez que c’est toujours quand vous vous résignerez à faire le trajet à pieds que le bus vous narguera en passant juste à côté de vous – sans s’arrêter, cela va de soi. Quant aux billets, il faut les acheter dans des tabacs et les composter à bord, en croisant les doigts pour que les machines ne soient pas hors d’usage. Sinon gare aux amendes… Parce que oui, ça aussi, ça arrive un peu trop souvent.

À vrai dire, je rêve d’une destination avec la météo délicieuse de la Côte d’Azur, l’efficacité des transports londoniens et la magie des trésors romain. Non, presque pas chiante, je sais.

Italiennement vôtre,

Charlie

P.S.: Oui, la photo est extraite de la Dolce Vita de Fellini, mais avouez que c’est mieux qu’un énième selfie devant le Panthéon ou le Colisée.