Les équinoxes de Pedrosa, la capture d’un instant.

 

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Remarqué en 2011 avec un récit introspectif,
 Portugal, Cyril Pedrosa revient sur ​​le devant de la scène littéraire avec un nouveau roman graphique, Les équinoxes. Véritable révélation de l’année 2015 selon moi, je vous propose aujourd’hui de revenir sur cet ouvrage qui vaut son pesant d’or !

Voilà un mois maintenant que j’ai rejoint, en tant que stagiaire, la merveilleuse équipe éditoriale de Dupuis. Et si je suis une passionnée de littérature depuis toujours, je me suis vite rendue à l’évidence : je ne connais que trop mal la bande dessinée francophone. Un comble lorsqu’on travaille au coeur d’un pôle éditorial belge du neuvième art ? Pas vraiment. En réalité, l’envie d’apprendre n’en est que décuplée. Chaque jour, je découvre de nouveaux titres, je m’émerveille devant des originaux de planches, je retiens de nouveaux noms d’auteurs incontournables. Ma curiosité est sans limite, et je me surprends même à dévorer des collections entières après mes heures de bureau …

C’est de cette manière que j’ai découvert la collection Aire Libre et, plus particulièrement, Cyril Pedrosa. L’ouvrage était arrivé lors de ma première journée de travail et j’avais alors pu le feuilleter, quatre jours avant sa sortie dans le commerce. Dès le frontispice, je mourais d’envie de le dévorer. Et puis, quelques minutes plus tard, je recevais un SMS qui changea mes plans : “Vous êtes sélectionnées parmi les 10 finalistes du Flair Online Talent Award”. Sachant pertinemment qu’elle demandait de s’accorder du temps, j’ai procrastiné ma lecture. Jusqu’à la semaine dernière…

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© Aire Libre

L’histoire

“Pourquoi faut-il porter sa vie avec soi comme un spectacle éphémère et invisible aux autres?”
Voilà la question qui est ici traitée. En quelques coups de pinceaux, Pedrosa vous immerge dans la vie de plusieurs personnages en proie à la solitude. Et si, à première vue, il semble ne pas y avoir de liens entre eux, on se rend rapidement à l’évidence que leurs vies sont intrinsèquement liées. Ils ne se connaissent pas et, pourtant, leurs solitudes s’entrecroisent autour de lieux et de luttes. Les saisons cadencent alors ces vies tourmentées par le sens de l’existence et rythment le style de l’auteur.

Ma critique

Comme on appuie sur le déclencheur d’un appareil photo, Pedrosa capture l’instant. L’instant de vies, témoins de l’humilité de la société. Il donne poétiquement vie à ses aquarelles par des traits qui semblent insouciants et, pourtant, sont synonymes d’une virtuosité époustouflante.
Pedrosa se saisit d’un sentiment évanescent et le couche sur le papier. Si les deux mondes sont souvent distingués, la bande dessinée entre ici en symbiose avec la littérature.  Les textes sont divinement travaillés et, à l’instar des dessins, vous vous surprenez à revenir en arrière afin de les relire et de vous en imprégner totalement. L’aquarelle, quant à elle, traduit à la perfection cette évanescence de la solitude. Elle nous installe dans un doux sentiment mélancolique, nous transposant face à notre vulnérabilité.

Les saisons filent, le temps court alors que Pedrosa, lui, s’installe dans l’instant. Il dédie des dizaines de cases à décortiquer le moment, à s’imprégner de l’ambiance, à s’introduire dans l’âme même de ses personnages. Je me suis alors surprise, rêvant poétiquement, à oublier le retard accumulé par mon train ce jour-là. En un trajet, j’avais dévoré les 336 pages. Que je recommençais le soir même.

Ma note

Faut-il vraiment l’écrire pour que vous compreniez l’excellence de cet ouvrage ?
Alors, dans ce cas, ce sera un 10/10. Ni plus, ni moins. Courez, vous ne le regretterez pas !
(et ce n’est pas la stagiaire qui parle !)

Pedrosa

Pedrosa, Les équinoxes, Dupuis, 35€, en librairie.

 

Équinoxement vôtre,

Coco.