Les bijoux du Tiroir de Lou et nous, c’est une histoire d’amour qui dure depuis quelques années déjà, lorsque nous étions encore assises sur les bancs de l’université, et que nous lorgnions sur les premières amulettes que cette créatrice assemblait. Jusqu’à ces premières compositions, Lou était journaliste. Elle enfilait alors les mots, comme elle enfile les perles aujourd’hui. Avec une grande sensibilité. Cinq ans plus tard, le projet a bien grandi, et le Tiroir schaerbeekois aussi. Lou s’est entourée d’une équipe aux doigts de fées qui façonnent avec elle de somptueuses pièces.
Comme les premières civilisations d’orfèvres, Lou s’inspire de la nature et de l’humain et façonne ses prototypes avec le procédé ancestral de la cire perdue. Elle part ensuite du matériau brut qu’elle fond, scie, soude, met en forme et sertit de pierres, afin de créer des pépites à son image. Uniques et poétiques. Les bijoux du Tiroir de Lou n’ont fait que se raffiner avec le temps, mais un fil rouge reste cependant gravé dans chacune de ses pièces : le plaisir de créer, et d’imaginer un bijou, tout en mettant un point d’honneur à l’éthique et à la durabilité de l’objet. L’amour de l’artisanat et du travail bien fait, pour des pépites qui supporteront les affres du temps. Des bijoux à vivre, dans lequel Lou a mis tout son cœur.
Aujourd’hui, nous vous proposons de refermer quelques instants le tiroir pour mieux plonger dans la bibliothèque de Lou. Avec l’envie d’en apprendre davantage sur cette orfèvre amoureuse des jolis mots, en la découvrant par le prisme de ses lectures. Bienvenue dans ce troisième épisode d’Entre les pages !
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Lou, quelle lectrice es-tu ?
Je pense être une lectrice distraite et pas particulièrement assidue. J’adore les livres et j’adore me réserver un moment de lecture – avec ma tisane et ma bougie, et dans ces moments-là, je me plonge complètement dans l’ouvrage – mais la plupart du temps, la vie reprend le dessus, je l’oublie dans un coin et je perds le fil de l’histoire. Puis quand j’essaye de rentrer à nouveau dedans, le livre ne devient plus qu’une source de frustration et je finis par l’abandonner. Dans ce monde de l’instantanéité, je suis probablement un peu victime. J’ai beaucoup de mal à rentrer dans un livre car j’ai des difficultés à rester concentrée très longtemps. À côté de cela, je ne lis pas très vite, et je pense que ça me frustre aussi un peu.
Je lis principalement sur ma liseuse Kobo qui est un petit objet que j’aime beaucoup. Quand je l’utilise, j’ai l’impression d’être la petite fille dans l’inspecteur Gadget, qui a un mini-ordinateur avec plein de petites options magiques qui lui font faire des trucs un peu fous. Je trouve ça super pratique. Par exemple, quand on me parle d’un livre, je peux directement le commander ou l’ajouter à ma wishlist.
Par ailleurs, la liseuse me permet un certain confort de lecture. D’une part grâce au réglage de la luminosité, d’autre part avec la taille de la police qu’il est possible d’agrandir – comme les grands-mères ;-). Étant donné que je travaille toute la journée sur de petites pièces, cela permet de soulager mes yeux fatigués. Enfin, le rétro-éclairage de ma liseuse me permet de lire le soir dans mon lit, sans réveiller mon amoureux en allumant la lumière. Et je trouve ça très pratique !
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Quel livre t’a fait aimer la lecture ?
À l’école, lire était une contrainte pour moi. J’ai toujours eu des difficultés avec les obligations et les contraintes. Et lire un livre pour une date donnée, c’était très difficile pour moi. J’ai découvert la lecture à l’école, comme la plupart des gens, et le seul livre qui m’a transporté et qui m’a fait du bien, c’est « Oscar et la dame rose » d’Éric-Emmanuel Schmitt. C’est un livre très doux, très candide et très innocent, dans le sens noble du terme. J’adore la façon dont c’est écrit. J’adore les personnages, j’adore le message en filigrane. Dans ma chambre, j’avais noté des phrases du livre sur du papier à dessin que j’avais accrochées sur ma garde-robe, avec le plus beau des papiers-collants. Ces phrases m’ont longtemps suivies et m’ont longtemps fait du bien. C’est vraiment un livre à offrir aux plus jeunes.
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Quel livre t’a permis de développer ta créativité ?
Ce ne sont pas des romans, mais des livres que j’achète quand je me rend à des expositions. J’adore visiter des expositions, même si je n’en fais pas assez à mon goût. La plupart du temps, quand j’en fais, je craque sur le livre vendu à la fin dans la boutique. Ici, j’ai pris le livre qui retrace le travail de Brancusi. On a eu la chance de l’avoir à Bruxelles l’année passée, et j’avoue qu’il m’arrive souvent d’ouvrir ce livre, seule chez moi, et de me laisser transporter par l’esthétique. J’observe les formes. Le travail de Brancusi est essentiellement basé dessus. Je ne lis pas forcément de manière assidue l’ensemble du texte mais j’adore prendre le temps de regarder les images et j’aime garder ce genre de beaux livres à portée de main, surtout quand les couvertures sont aussi jolies, comme c’est le cas ici.
Il y a aussi un autre livre qui a beaucoup stimulé ma créativité. Il s’agit d’un ouvrage qui retrace l’histoire de Coco Chanel. Quand j’étais ado, toute son histoire m’a énormément inspirée. Son personnage, l’énergie qu’elle dégageait, sa volonté, sa façon de penser out-of-the-box et d’essayer de casser les codes tout en essayant d’améliorer à sa façon la condition des femmes de l’époque. Ce livre m’a vraiment fait du bien.
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Quel livre t’a permis d’ouvrir ta conscience ?
Je pense à deux livres qui se complètent et se répondent. L’un est tout petit, il s’appelle « La part du colibri » de Pierre Rhabi. Et le second s’intitule « Pour une écologie spirituelle » de Satish Kumar. Ce sont des livres de développement personnel. Je n’aime pas tellement ce mot qui est très galvaudé, mais c’est dans cette optique-là que je les ai lus. Ils m’ont aidé à ouvrir mon regard, à ouvrir mon coeur, à changer de regard sur ma façon de vivre et de consommer, sur ma façon d’aimer et d’être aux autres, sur ma façon de travailler aussi.
Le livre de Pierre Rhabi est celui qui m’a le plus marqué. J’ai vécu un moment compliqué sur le plan personnel, ça s’appelle un Burn Out. Pour moi, c’est quelque chose de plus large et de plus complexe que ce dont on parle aujourd’hui. Et en fait, Pierre Rhabi, par ce livre, a planté la plus grande graine en moi. Il m’a fait comprendre à quel point on faisait fausse route. Je pense que cette crise personnelle que j’ai vécue venait de cette prise de conscience énorme qui était « oh mon dieu, on s’est planté ! Comment va-t-on pouvoir transformer les choses ? ». C’est un tout petit livre à offrir pour continuer de planter des graines.
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Quel livre n’as-tu pas pu terminer ?
Et bien, tous ! (rires) De façon très honnête, je vous l’ai dit dès le départ : beaucoup ! C’est d’ailleurs un objet de rigolade dans ma famille. Ma maman aime beaucoup se moquer de moi avec ça. Je pense que le plus bel exemple, et je crois que ça va parler à pas mal de gens, c’est « Sapiens » de Yuval Noah Harari. Pourtant, je l’adore. J’aime l’idée de ce qu’il raconte. J’aime avoir tout ce savoir à portée de main, mais j’avoue qu’après une petite série de pages, je l’ai redéposé et je ne m’y suis plus jamais replongée. Je n’en suis pas très fière et j’espère sincèrement y retourner, car je pense que c’est vraiment quelque chose à lire, et encore plus aujourd’hui. Il y a un deuxième tome (que j’ai aussi d’ailleurs). Ce sera pour plus tard.
J’ai lu « Je pense trop » de Christel Petitcollin. Elle y explique que les hyper-sensibles, dont je fais partie, ont tous cette maladie du lecteur déserteur : ils lisent soixante pages d’un bouquin, ils estiment qu’ils ont compris le message et ils switchent sur autre chose parce que ça ne va pas assez vite, ou que ce n’est pas assez complet. C’est un peu la pensée en arborescence qui crée ce comportement. Ça m’a fait du bien dans un sens de lire qu’il y avait une explication à cette attitude qui semble irrespectueuse mais qui en fait n’en est rien !
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Quel est le livre qui te fait le plus voyager ?
Je suis en train de le terminer, il s’agit de « Kilomètre zéro » de Maud Ankaoua. Ce n’est pas une nouveauté, mais c’est magnifique. C’est un roman qui se passe au Népal sur fond de développement personnel. Il porte des messages très positifs de retour à soi et d’authenticité, de belles valeurs qui font du bien. Et puis, c’est assez bien écrit. Je l’ai commencé au début du deuxième confinement et il m’a vraiment apporté le bol d’air dont je manquais à ce moment. J’étais assaillie par un sentiment d’enfermement et ce livre m’a fait du bien. J’ai ressenti cet air de la montagne, avec de grands espaces. C’est vraiment un livre qui m’a fait voyager au sens premier du terme.
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Quel livre aurais-tu souhaité écrire ?
Je l’ai acheté la semaine passée et c’est « Iwi ou la promesse de la vie ». Il a été écrit par Stéphanie Stiernon et illustré par Assia Bennani. Ce livre s’adresse aux enfants mais je pense qu’il peut être lu par tout le monde. Il est à la fois philosophique et poétique. Les dessins sont splendides. Il est aussi très doux, très vivant, et particulièrement coloré. Il parle de la vie, de la naissance, de la famille, de l’amour inconditionnel. C’est écrit en français et en anglais. J’aurais tellement voulu écrire mon nom sur cette merveille. Je le trouve vraiment sublime et très apaisant.
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Dans quel livre aurais-tu aimé vivre ?
Dans « La délicatesse du homard » de Laure Manel. J’ai toujours eu envie de vivre au bord de l’eau, que ce soit à la mer ou près d’un lac. Et ce livre se passe justement en Bretagne. Il est assez bien écrit et les descriptions de ce lieu sont particulièrement vivantes. À sa lecture, on ressent presque les embruns.
Je l’ai lu cet été alors que j’étais moi-même dans cette région. Et le livre et mes vacances en Bretagne ont réveillé en moi cette envie, j’ai vraiment eu ce déclic par rapport à mon style de vie et à ce rêve de vivre au bord de l’eau. Par ailleurs, c’est également un très joli livre, très doux, qui parle d’amour mais sans paillette, de façon très authentique. J’aime beaucoup l’homme qui est dépeint dans ce livre qui est un rustre que l’on découvre plutôt doux finalement. On découvre ses blessures et son coeur, et ça m’a fait du bien.
Un tout grand merci à Lou de nous avoir offert une plongée dans le Tiroir sans fond de ses inspirations. On espère sincèrement que vous aurez apprécié en apprendre davantage sur cette créatrice par le prisme de ses lectures, et que vous aurez ajouté quelques ouvrages à votre pile à lire par la même occasion. On vous donne rendez-vous très vite pour notre quatrième épisode d’Entre les pages.
Créativement vôtre,
Coco & Charlie
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