Entre les pages d’Elodie Deceuninck

L’année 2020 aura été tumultueuse, on s’accorde tous sur ce point. Mais dans cette tempête, on a retenu une étoile qui brillait plus fort. Celle qui nous a permis de garder le cap et qui a fait resplendir notre année.
Elodie Deceuninck, c’est notre fée marraine. Et, une fois de plus, c’est la magie d’Instagram qui l’a mise sur notre route. Une belle âme qui veille sur nous et qui, sans vraiment s’en rendre compte, a réveillé les braises de nos ambitions.

Elodie Deceuninck est photographe de formation. Mais ce serait bien réducteur de la considérer par ce prisme uniquement. Dans tous ses projets, qu’ils soient passés, présents ou futurs, elle est, avant toute chose, guidée par ses émotions et ses rencontres. Que ce soit avec son objectif ou avec ses mots, elle capte la poésie du banal. La beauté intérieure de l’humain. Les étincelles de projets qui deviendront des feux majestueux d’entrepreneuriat. 

Elodie pose son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure, et en fait ressortir le beau. L’imparfait. Le fort. Le vrai. Avec ses clichés, elle sauve le monde à sa façon et porte à bouts de bras l’humain. Elle met en exergue l’espoir, l’amour, le partage ou encore la tolérance. Autant de valeurs qui lui sont chères, et qui font souvent la différence. Les photos et les écrits sont ce qu’on retient le plus souvent des grands Hommes. Ces souvenirs qui restent, et ces histoires qui bouleversent.

Dans ce quatrième épisode, nous avons invité Elodie Deceuninck à se dévoiler à travers ses lectures. Et alors que nous parcourions les étagères de sa bibliothèque, nous y avons découvert une amoureuse des mots et des Lettres, dont les lectures font étonnamment écho aux clichés. Ou inversement. 

Bienvenue, dans ce nouvel épisode d’Entre les pages. 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton parcours ?

Dans mon parcours, c’est le créatif avant tout, même si j’ai suivi un cursus plutôt classique dans un premier temps. D’abord option scientifique en secondaire, puis j’ai voulu me lancer dans des études de vétérinaire pendant un an, avant de me rendre compte que j’avais besoin de créativité, de joie et de bonnes ondes dans mon quotidien. Je me suis donc lancée dans des études de photographie.

Pourtant à la base, ce n’était pas forcément une vocation, mais plutôt le simple fait que j’aimais la part de créativité que cela détenait. Je chipotais déjà pas mal aux appareils photos jetables étant petite, mais je n’ai reçu mon premier vrai appareil photo que pour mes dix-huit ans. Je pense que mon rêve secret aurait été de faire les romanes, mais je ne me voyais pas du tout tenir une classe et devenir professeur. Maintenant, je ne regrette pas du tout mon choix, même si j’ai toujours cette petite voix dans ma tête qui me dit que j’aurais pu faire ces études-là, les livres m’aident à compenser ce manque. 

Quand j’ai pris la décision de me lancer dans des études de photographie, je ne savais pas trop vers quelle école me tourner, car personne ne nous expliquait vraiment les spécificités propres à chacune. Je suis arrivée à l’école du Septante-cinq un peu par hasard, et au final, je suis ravie car je pense que c’est la vision de la photo que je partage le plus, même si la transition a été assez intense de passer d’un cursus général à un cursus artistique.

Au début, j’étais beaucoup trop sage, beaucoup trop scolaire. Les cours n’étaient absolument pas techniques. L’idée c’était plutôt de nous laisser expérimenter pour apprendre de nos erreurs, avec évidemment un cadre autour où l’on pouvait poser nos questions en cas de besoin. La première année, on devait faire surtout de l’argentique pour comprendre en profondeur le fonctionnement de l’appareil. Les cours étaient principalement axés sur le sens, sur le propos, sur l’histoire que l’on voulait raconter avec nos photos, ce qui colle tout à fait à ma vision des choses.

Après bien sûr, je me dis parfois que dans une autre école, j’aurais peut-être mieux appris d’autres techniques. J’aurais peut-être appris à domestiquer l’usage du flash, ce qui est clairement ma bête noire, mais tout de même, je reste très satisfaite d’avoir fait cette école-là. De toute façon, elles ont toutes leurs forces et leurs faiblesses. 

Puis, quand j’ai terminé mes études, ça n’a pas été évident du tout pour moi de me tourner vers la photographie de mariage, parce qu’au cours de mes études, j’avais plutôt eu tendance à faire des photos-reportages sociaux assez durs – donc pas du tout le même registre – et qu’on n’avait cessé de nous répéter durant tout notre cursus que s’abaisser aux photos de mariage, c’était vraiment tomber bien bas.

Dans un premier temps, j’ai donc lancé un projet qui me permettait de mettre les autres artistes en avant : j’ai ouvert une boutique de créateurs belges. Et, en créant ce projet, j’ai rencontré Élodie Wilmès. Elle ne s’était pas encore lancée dans le milieu du mariage mais elle voulait déjà lancer un blog de mariage. Très vite après s’être rencontrées, elle m’a proposé de l’aider à faire de jolies photos pour son blog. Et c’est dans ce contexte que je suis retombée dans le milieu du mariage. Ça ne m’a plus quittée depuis ! 

Et puis plus tard encore, la genèse d’Atelier Préface, c’est à nouveau l’histoire d’une rencontre. Je suis quelqu’un qui se définit en premier lieu par sa sensibilité. Et dans la vie, j’ai tendance à faire confiance à mes tripes avant d’écouter ce que mon cerveau a à dire. Je suis allée boire un café avec Delphine (ndlr : Delphine Riche, sa partenaire chez Atelier Préface). On voulait lancer des formations ensemble et on a discuté pendant six heures. On s’est rendu compte qu’on avait un projet de vie et on s’est lancées.

J’avais aussi envie de tester d’autres choses dans la photographie, plutôt que de rester uniquement dans le domaine du mariage. Même si j’aime beaucoup ça, j’avais envie de pouvoir varier les projets. Et puis j’avais aussi envie d’avoir un peu de vie sociale (rires). Avec Delphine, on souhaitait vraiment que l’esthétique soit le moteur de notre projet, tout en y apportant du sens et une histoire.

 

Quelle lectrice es-tu ?

Je ne suis plus la lectrice que j’étais il y a trois ou quatre ans, parce que j’ai moins de temps libre. Jusqu’à cette époque, j’étais vraiment une lectrice assidue. Je ne peux même pas me rappeler d’une époque où je n’ai pas été baignée dans les livres ! Étant petite, ma maman, elle-même grande lectrice, me lisait des histoires tous les soirs. Elle m’a certainement transmis cet amour pour les livres. Il y a des années où j’en ai lus cinquante, d’autres où j’en ai lus cent. Et maintenant, je suis peut-être à trois parce que je m’endors après trois pages. Par contre, j’aime toujours autant ça et j’aspire aux vacances pour pouvoir me dire que je pars avec ma valise de livres, et que plus personne ne me parle pendant deux semaines, tellement je suis plongée dans l’histoire !

Quel livre t’a fait aimer la lecture ?

Ah ! C’était ma question bête noire ! En fait, ça dépend des époques, j’ai plusieurs références qui me viennent en tête. Là, j’ai sélectionné Harry Potter parce que je pense que c’est le plus fondateur. C’est en tout cas la première saga que j’ai adorée, même si ce n’est probablement pas véritablement le premier livre qui m’a fait aimer la lecture (ça c’est sûrement Calinours). Mais c’est le premier que j’ai vécu, plus que je ne l’ai lu. J’ai l’impression d’avoir grandi avec ces livres. Et même si on ne vit pas dans un monde magique, on a quand même l’impression qu’Harry c’est notre copain. C’est aussi celui que je relirais chaque année sans problème. 

Quel livre t’a permis de développer ta créativité ?

Et bien en fait, celle-là, elle est encore plus difficile ! Ce n’est pas très attendu comme réponse, mais je crois que ce n’est pas tant un livre sur la créativité mais plutôt des livres dont l’émotion est l’élément central de l’histoire, parce que c’est moi-même ce que j’essaye de véhiculer à travers l’image et la photo. J’adore les livres qui parviennent à décrire un truc super profond. Avec mon activité de photographe, c’est pareil, ce que je ressens, j’essaye de le mettre en image. 

Ce sont principalement des romans ?

Oui, complètement. Je ne lis pratiquement que ça. Je me mets doucement aux romans graphiques, mais j’en ai peut-être lus deux. Les BD et les romans graphiques, comme il y a déjà du visuel, j’arrive moins à tomber dedans. J’ai besoin de me faire ce film mental et je n’aime pas qu’on me l’amène trop vite sur un plateau d’argent. Donc oui, principalement des romans qui traitent de la vie de tous les jours. Ils pourraient raconter la vie de ma voisine ou de mon oncle. 

Et si tu devais en citer quelques-uns ?

J’ai adoré les romans de Delphine de Vigan parce qu’il y a un côté très vrai, très brut. Elle décrit extrêmement bien les émotions. Si je ne devais en citer qu’un, je dirais « Rien ne s’oppose à la nuit » qui est son plus gros succès. Sinon j’aime beaucoup aussi les romans de Philippe Besson. C’est le genre d’auteurs où quand un nouveau livre sort, je sais directement que je vais l’aimer parce que ce qui m’attire, ce n’est pas tellement l’histoire en elle-même mais les émotions qui sont véhiculées. 

Quel est le dernier livre qui t’a chamboulée ?

« La solitude des nombres premiers » de Paolo Giordano qui est un des rares livres que j’ai pu terminer en 2020. Le confinement m’a complètement bloquée dans la lecture. Je pense que c’est mon plus gros regret de l’année, je ne suis pas parvenue à m’évader à travers la lecture. Par contre, ce livre-là m’a complètement chamboulée. À nouveau, c’est un livre qui traite super bien des émotions et de l’anormalité. Les protagonistes de cette histoire sont des personnages à travers lesquels on peut s’identifier quand on se sent soi-même un peu différent des autres. Ça parle d’amour d’une façon que l’on ne connaît pas ou peu. Bref, il m’a complètement secouée. 


Quel est le livre que tu n’as pas pu terminer ?

« L’amie prodigieuse » d’Elena Ferrante. Je ne désespère pas, tout le monde me dit que c’est vraiment super, mais j’ai déjà recommencé la lecture deux fois et je n’y arrive pas. Pourtant, j’ai déjà lu les trois quart du premier volume, en me disant de tenir bon, mais vraiment, non, je n’y parviens pas. Il paraît que la suite est mieux et qu’une fois qu’on est vraiment rentré dans l’histoire, c’est difficile d’en décrocher. Un jour peut-être, je ne m’avoue pas vaincue ! (D’autant que j’ai déjà les quatre volumes, donc ce serait un peu dommage !)


Quel est le livre qui te fait le plus voyager ?

À nouveau, je n’avais pas envie de répondre un livre qui traite directement de voyages, j’ai donc choisi « Les piliers de la terre » de Ken Follett. Je l’ai lu il y a une petite dizaine d’années, et c’est clairement celui qui me fait le plus voyager. Ça m’arrive encore très souvent de repartir dans les paysages des piliers de la terre et dans cette époque du Moyen Âge que j’adore. J’ai l’impression d’avoir vu « Les piliers de la terre » en film tellement j’en ai encore des souvenirs extrêmement précis. À l’époque, je l’avais lu en trois jours, je ne parvenais plus à m’arrêter alors qu’il s’agit quand même d’une bonne brique de plus de mille pages. Ça ne m’arrive pas si souvent d’être à ce point happée par l’histoire. Là, je me suis totalement immergée. 

Quel livre a remis en question tes convictions ?

« L’évangile selon Pilate » d’Éric-Emmanuel Schmitt. Ce livre, c’est un roman, c’est complètement fictif, mais c’est aussi une relecture de la Bible. Je suis plus conciliante sur ce sujet aujourd’hui, mais je l’ai lu à une époque où j’étais très remontée contre la religion. C’est quelque chose que je reniais en bloc, alors que maintenant, je pense malgré tout que cela fait partie de nos racines et de notre culture et qu’il est important de les garder en soi.

Lire ce livre m’a permis de remettre pas mal de choses en perspectives. Je me suis dit qu’en fait, la religion ç’aurait été chouette s’il s’agissait uniquement d’un type normal, avec des qualités et des défauts, qui véhicule simplement l’amour. Ce livre a été un déclic. Par la suite, j’ai revu ma copie à propos de la religion. Je continue de mettre de côté tout le pendant des miracles et autres, mais je conserve les messages de tolérance et d’amour.


Quel livre aurais-tu aimé écrire ?

Merci déjà pour cette question ! J’aurais évidemment pu répondre Harry Potter (comme à toutes les questions en fait, mais ç’aurait été vachement chiant ! Ou alors, j’aurais pu prendre un tome différent par question !). Plus sérieusement, celui que j’aurais voulu écrire, c’est « Une promesse » de Sorj Chalandon, parce que de tous les livres que j’ai pu lire dernièrement, je trouve que c’est celui qui est le mieux écrit. La plume est incroyable, l’histoire est incroyable. En arrivant à la fin de ma lecture, je me suis prise une grosse claque. J’aimerais beaucoup être suffisamment talentueuse que pour écrire une merveille pareille. Ça parle de la vie, de la mort, de ce qu’on laisse une fois que l’on est parti. Ça traite des relations humaines à travers les différentes étapes de la vie et de comment on les perpétue quand on n’est plus là.


Quel est le livre dans lequel tu aurais aimé vivre ?

Harry Potter ? (rires) Non, en réalité, je vais quand même citer une autre saga : « La Passe-miroir » de Christelle Dabos. C’est une saga que j’ai découvert sur le tard, l’année dernière seulement, alors que le dernier tome sortait déjà en librairie. J’ai dévoré le premier volume alors que j’étais en vacances, – je le lisais même en mangeant, c’est dire ! – et je n’avais pas pensé à prendre les tomes suivants avec moi. En catastrophe, j’ai donc dû me mettre en quête d’une librairie pour pouvoir poursuivre ma lecture. C’était impossible pour moi d’attendre mon retour en Belgique.

Un peu comme dans Harry Potter, on découvre un univers magique et décalé, et la trame narrative est assez similaire aussi. Rien n’est vrai et on gravite dans un univers parallèle, mais ça sonne un peu plus adulte qu’Harry Potter, bien que ce soit un livre destiné aux adolescents. J’aurais adoré pouvoir y vivre ! Depuis Harry Potter, il n’y a pas beaucoup de saga qui m’ont fait cet effet-là. Pour les fans d’Harry Potter qui attendent désespérément un huitième tome, lisez plutôt La Passe-miroir, vous serez plus vite comblés !

Merci à Elodie Deceuninck de nous avoir accordé un peu de son temps précieux en cette fin d’année chargée. On espère que ses mots auront fait écho chez vous et que vous aurez rajouté quelques titres à votre pile à lire. On vous retrouve très vite avec de nouveaux épisodes d’Entre les pages. 

Créativement vôtre,

Coco & Charlie

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