Le Livre des Baltimore vaut-il Harry Quebert ?

Marcus est de retour.

Qui ça ? Marcus Goldman. Mais si, vous savez, ce jeune écrivain célèbre qui avait voulu restaurer l’honneur de son mentor déchu, Harry Quebert. Non, vous ne voyez toujours pas ? Je vous en avais parlé ici. Marcus Goldman est en réalité le héros phare de Joël Dicker, jeune auteur suisse dont le succès n’est plus à faire. Après trois ans d’absence, il marque son grand retour avec la parution du Livre des Baltimore.

Depuis sa plus tendre enfance, les Goldman-de-Baltimore incarnent la réussite et la prospérité. Tout est plus beau chez eux. Le soleil plus éclatant. La pelouse mieux tondue. Et surtout le compte en banque mieux garni. Saul Goldman, oncle de Marcus, avocat de renom ne perd jamais une affaire. Sa femme, Anita, est la bonté même et travaille en tant que médecin dans un prestigieux hôpital. Hillel, le fils doté d’une intelligence hors norme et un chouïa provocateur, n’hésite pas à contester l’ordre établi quand la justice se voit mise à mal. Chaque été, Marcus retrouve avec un plaisir immense et une admiration sans borne ceux qu’il aimerait secrètement avoir comme parents. Assis sur le siège passager de la voiture rutilante de son oncle, Marcus s’imagine sa vie s’il avait été à la place de son cousin.

Hélas, rien n’est éternel. Et progressivement, le vernis si rutilent des Baltimore s’effrite jusqu’à disparaitre complètement le jour du Drame en 2004. C’est visiblement un besoin récurrent chez Marcus que d’écrire pour rétablir la dignité de ses proches. Le Livre des Baltimore, c’est un hommage à la branche des Goldman-de-Baltimore. Une ode à leur grandeur d’antan, mais également – et c’est ce qui m’a déçue – à l’American Dream. Autant j’avais apprécié le tableau piquant de l’Amérique moyenne dressé dans le roman sur Harry Quebert; autant ici, j’ai découvert une admiration superficielle et parfois incohérente pour cette classe aisée. Le Drame qui vient clore la lente destruction du clan des Baltimore apparaît presque comme une excuse. Une excuse pour pouvoir se permettre d’étaler leur grandeur durant plus de 300 pages.

Cependant, pour être tout à fait honnête, je dois reconnaître que Joël Dicker est passé maître en matière de suspense. Le Drame prédit dès les premières pages nous pousse – petits lecteurs vicelards que nous sommes – à poursuivre la lecture pour enfin connaitre la cause de la destruction familiale. Et, si les premières dizaines de pages passent relativement lentement, la suite s’accélère pour finalement trouver un rythme de croisière. Parallèlement à cela, dans la seconde partie du livre, la psychologie des personnages tient mieux la route. Elle est plus complexe et déconstruit lentement le mirage du rêve américain.

Si vous avez apprécié le livre sur Harry Quebert et/ou si vous aimez les sagas familiales et les secrets gros comme des maisons, vous apprécierez sans doute cette lecture légère qui se lit pratiquement d’une traite, avec un bon thé dans les mains. Certes, je n’y ai pas trouvé la même saveur que dans le volume précédent, mais c’est tout de même bon de retrouver ce cher Marcus…

Bouquinement vôtre,

Charlie