Petites blagues vaseuses sur Facebook « Laisse la vaisselle, chérie, tu la feras demain! ». Récupération commerciale par les grandes enseignes « Un soutif acheté, une culotte offerte ». Tout le monde y est allé de son petit commentaire pour l’occasion.
À moins de vivre dans une caverne, vous n’avez certainement pas loupé l’info. Mercredi passé était un jour fort symboliquement parlant : le 8 mars, journée internationale de la lutte pour les droits des femmes. (Et non la journée de la femme comme certains le croient encore).
À tous ceux qui estiment cette journée inutile et cette lutte dépassée, un petit point pour mettre les choses au clair :
- En Europe, à travail égal, les femmes gagnent en moyenne 17,8% de moins que les hommes.
- En Arabie Saoudite, les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture.
- Au Mozambique, une fille sur deux de moins de 18 ans est mariée de force.
- Les États-Unis viennent d’élire un président profondément machiste et sexiste.
- En Turquie, un projet de loi visait en 2016 à tolérer un viol si l’agresseur épousait sa victime.
- En Somalie, les femmes n’ont pas le droit de porter de soutien-gorge.
- L’excision reste une pratique courante dans la plupart des pays africains.
… Et je pourrais continuer cette liste encore longtemps, mais ce n’était pas le but de l’article. Alors oui, grâce aux combats passés, nous sommes parvenus à émanciper partiellement les femmes, mais de nombreuses autres luttes sont encore à mener, aussi bien chez nous qu’ailleurs dans le monde. Petite parenthèse fermée. Je voulais profiter de cette journée particulière pour vous parler d’une BD découverte récemment. « Culottées » de Pénélope Bagieu, paru en septembre dernier chez Gallimard, est une petite pépite qui mérite amplement sa place sur le blog.
Avec un coup de crayon délibérément naïf, Pénélope nous raconte la vie de toute une série de femmes. A priori, elles n’ont rien en commun. La plupart ont été oubliées depuis longtemps, et quelques rares exceptions sont devenues des figures mythiques. Elles ne se connaissent pas, ont vécu à des époques différentes, sur des continents différents. Pourtant elles ont toutes ceci de commun : elles ont vécu leur vie comme elles l’entendaient, sans se soucier de ce que la société leur imposait. L’une d’entre elle est devenue la première gynécologue de la Grèce antique, une autre s’est imposée en tant que guerrière apache, une autre encore a parcouru l’Afrique pour défendre les droits des femmes. Elles m’ont fait réaliser que de tout temps et de tout lieu, des femmes n’ont pas attendu l’invention du terme « féminisme » pour se battre pour leur liberté et leurs droits. Chacune à leur façon, elles ont fait avancer le combat pour l’égalité des sexes. De vraies bad ass, sommes toutes.
Pénélope Bagieu nous dresse leur portrait avec une plume lyrique non dénuée d’humour. Elle livre un magnifique hommage à toutes ces oubliées de l’Histoire. C’est une Pénélope au sommet de son art. Elle instaure rapidement un rythme et attise notre curiosité. On se sent proche de toutes ces femmes et en même temps, on voudrait tout connaître de leur vie.
C’est un album qui m’a donné envie de me bouger, moi aussi, pour obtenir ce que je veux. Une BD qui m’a donné envie d’ajouter ma petite pierre à l’édifice. Je ne vous parle pas forcément de vous exhiber seins nus sur la place publique en mode Fémen, mais simplement d’accomplir au quotidien des petites choses qui vous tiennent à coeur, sans prendre en considération ce que la société et les Hommes imposent de votre sexe. Que vous soyez une fille ou un garçon.
Le féminisme ne date pas d’hier et il a encore de beaux jours devant lui.
Sur ce, je vous laisse et m’en vais dévorer le deuxième tome fraîchement acheté !
Féministement vôtre,
Charlie