Robes, fresques et chemises au MoMu d’Anvers

Il y a pile poil six ans, je suis partie vivre cinq mois dans la capitale de la mode flamande, Anvers. À l’époque, cette ville me faisait rêver. Élégante, monumentale, sophistiquée. Avec sa gare-centrale et son dôme grandiose, son vieux centre historique et ses vieilles rues pavées. Malgré ce que Bart De Wever pourrait nous laisser penser, Anvers reste une ville où l’on se sent bien, où il est toujours agréable de flâner. Par manque de temps, cela faisait de nombreux mois que j’avais délaissé ce joyau flamand pour m’enfermer dans les salles sombres de l’ULB. Mais maintenant que le mémoire est rendu, que le mortier a été posé et lancé, que la boisson a été levée pour célébrer la fin de dix-huit ans de scolarité, rien ne m’empêche plus de retrouver mes vieux amours, avec une once de nostalgie. Le prétexte pour retrouver Anvers ? La remarquable exposition consacrée au peintre belge Rik Wouters au musée de la mode (MoMu).

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En réalité, l’année 2016 marque les cent ans de la mort du peintre. Malheureusement, le musée qui lui est consacré est en rénovation jusqu’en 2019. Du coup, ce sont les responsables du MoMu qui, soucieux de remettre le peintre à l’honneur, ont souhaité mêler art pictural et stylisme en proposant cette exposition hybride. Le concept en soi est hyper original. Les peintures de Rik Wouters ont été détournées, utilisées comme source d’inspiration par les meilleurs stylistes flamands.

Les vitrines du MoMu regorgent de créations tantôt extravagantes, tantôt très sobres, toutes en subtilité, mais en tout cas toujours uniques. Personnellement, j’ai adoré la manière dont les créateurs sont parvenus à jouer, à s’amuser avec la fresque de base afin de créer une oeuvre nouvelle. Le lien entre peinture et vêtement est parfois évident, repris tel quel, comme un motif, parfois il est beaucoup plus subtil. Et c’est là que la présence d’un guide s’avère indispensable ! (Vous me remercierez plus tard). D’ailleurs, parler de véritables liens entre peinture et vêtement peut paraître mensonger. Il faudrait davantage parler de clin d’oeil, de jeux entre les créateurs et le peintre.

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Je n’ai évidemment pas accroché à tout ce que j’ai vu. Pour autant, j’en ai pris plein la vue. Certaines créations sont pleines d’audace et d’originalité. J’ai également beaucoup apprécié la volonté de certains des créateurs de créer des vêtements dans le respect de l’environnement et de la faune. Chapeau bas !

De plus, la visite est assez bien construite. En guise de préambule, quatre grandes photos sont accrochées le long d’un étroit couloir et présentent les ateliers de chacun des créateurs. J’ai trouvé cette approche particulièrement intéressante, surtout pour la néophyte que je suis en matière de créateur. En examinant bien les photos, j’ai remarqué que chaque atelier reflétait la personnalité et les goûts du créateur. D’emblée, on situe mieux leur univers, leur style, leurs aspirations. Et du coup, dans la suite de l’expo, on comprend mieux pourquoi tel créateur a opté pour tel textile, tel motif, etc.

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Attention tout de même, je préfère vous prévenir : si vous espérez tout connaître de Rik Wouters en sortant du musée, vous serez probablement déçu. En revanche, si vous ne connaissez pas son oeuvre, cette expo constitue une très chouette mise en bouche qui vous donnera envie d’en savoir plus. Pour ma part, j’ai été particulièrement touchée par l’esthétique de ce peintre qui m’était inconnu.

Pour vous situer grossièrement, c’est un style de peinture typique du début du XXe siècle, proche des fauvistes. C’est lumineux, plutôt joyeux, coloré et ça contraste fortement avec la vie pas toujours très drôle de cet homme étonnant. Rik Wouters était reconnu pour ses peintures de la vie quotidienne. Facilement reconnaissable à sa frange brune et ses yeux sombres, sa femme Nel fait régulièrement des incursions dans son oeuvre. En un mot, et sans vous spoiler : magnifique !


Pour ce qui est des créations elles-mêmes, n’étant pas une grande connaisseuse des griffes anversoises, je me suis parfois perdue dans les explications de la guide sur les créateurs évoqués. Pour autant, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir leurs oeuvres. À nouveau, petite mise en garde… je ne peux pour autant me targuer d’être une connaisseuse à la sortie du musée mais, cela m’a au moins donné envie de me documenter davantage sur ce domaine.


Franchement, cet expo vaut le détour. Elle prend ses quartiers au MoMu jusqu’en février alors allez-y, vous avez le temps ! Et puis profitez-en pour vous faire une petite cure de shopping, mon petit doigt me dit que vous devriez trouver votre bonheur quel que soit votre style ! 🙂

Psst : on me glisse à l’oreillette que les visites sont gratuites tous les premiers dimanches du mois ! Pour toute info complémentaire, ça se passe ici.

Créativement vôtre,

Charlie