Médor, le trimestriel belge qui a de la gueule !

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Médor n’est pas un chien. C’est un trimestriel belge d’enquêtes et de récits. Et, à défaut d’avoir des poils, il semble désormais avoir une gueule. Bien grande. Et des yeux. Bien ouverts.
Enième magazine dans le champ de la presse belge ou véritable révolution du traitement de l’information ? C’est ce que nous découvrons aujourd’hui…

Il y a un peu plus d’un an, Charlie et moi-même nous lancions corps et âme dans un projet pour le moins singulier : celui de lancer un mook, objet hybride entre le livre et le magazine. Avec une dizaine de rédacteurs aux formations universitaires différentes, nous avions neuf mois pour le mettre au monde. Pour l’équipe rédactionnelle de Squat, impossible n’était alors pas français.
Afin de nous aiguiller dans cette tâche ardue, nous avions rencontrés les géniteurs de Médor. Ils étaient alors en quête de kisskissbankbankers prêts à croire en leur projet loufoque, et pourtant essentiel : celui de rendre au journalisme belge ses lettres de noblesse. Un an plus tard, c’est avec un bonheur non dissimulé que nous les retrouvons. Leur projet est abouti. Le premier numéro est publié. Les chiens sont lâchés.

Médor, c’est quoi ? 

Trimestriel belge d’enquêtes et de récits, Médor a, avec ses 128 pages d’articles de fond, tout d’un grand ! Construit à partir d’une nouvelle façon de penser l’information, le deep journalism, il tord le cou aux brèves et donne la parole à un journalisme de terrain. Indépendant. Fouillé. Construit.
L’important n’est alors pas seulement de prendre le temps mais de creuser, profondément. Libre de conviction, Médor ne cherche pas tant à convaincre : il veut comprendre et ouvrir nos yeux sur le monde. On y retrouve ainsi des articles d’investigation ponctués de portrait, chronique et autre enquête dessinée. Tout un programme !
Projet de 17 initiateurs, Médor est également un magazine désireux d’offrir de bonnes conditions de travail à ses collaborateurs, qu’ils soient journalistes, photographes, illustrateurs ou encore graphistes. Ainsi, il demeure digne sur toute la ligne.
Le magazine belge d’enquêtes parfait ? Nous n’en sommes décidément pas loin !

Médor muselé ? Mithra à la niche !

Oui mais voilà, proposer du journalisme, du vrai, ça ne plait évidemment pas à tout le monde !
En effet, la société Mithra Pharmaceuticals s’est visiblement sentie mordue par le nouveau vilain toutou belge. Faisant l’objet d’une enquête de quatorze pages (on ne nous avait pas menti sur le côté deep journalism), la société n’a trouvé d’autre répartie que d’attaquer Médor en justice. Muselé jusqu’à l’appel, la diffusion du magazine a alors dû être stoppée un jour avant la sortie officielle.

De nombreux partisans de la liberté d’expression ont alors crié au scandale. Et ils avaient raison. L’article sur la société pharmaceutique n’étant pas encore publié, le juge des référés a été sans appel : il s’agissait clairement d’une tentative de censure, inacceptable sur le territoire belge.
Si la sortie du premier numéro a ainsi été reportée de dix jours, Mithra aura toutefois perdu sur toute la ligne. Car, en tentant de les faire taire, ils n’ont que renforcé la volonté de Médor de l’ouvrir et ont, par la même occasion, enclenché la machine de la publicité involontaire…

Mignonne petite bête !

Après plus d’une année à l’attendre, le voici enfin dans nos mains ! Et quelle surprise ! Le toucher de la couverture n’a pas son pareil, le format est parfaitement manipulable, le papier est glossy mais, SURTOUT, les articles sont exceptionnellement bien conçus. Ironiques, drôles, ficelés et bien pesés. Ce n’est pas seulement de l’information. C’est de l’art journalistique qu’on savoure par petites doses selon une posologie réfléchie. Car aux articles de fond  succèdent d’intelligentes respirations. Comme ce portrait du roi de la caravane. Ou cette BD psychédélique et librement inspirée des effets de la “liane de la mort”. Ou que cette parenthèse sur l’auto-observation génitale. Ou que…  j’arrête de vous mettre l’eau à la bouche, courez plutôt le chercher ! Je vous le recommande. Les yeux fermés !

Pour plus d’informations, c’est par ici !

Culturellement vôtre,

Coco