Les Animaux fantastiques sortait le 16 novembre dernier dans les salles ténébreuses. Scénarisé par la talentueuse J.K. Rowling qu’on ne présentera plus, le film n’est pas la suite de la saga de notre enfance mais bien un préquel d’Harry Potter, spécialement écrit pour le cinéma. Et contrairement à l’octalogie d’anthologie, le nouvel opus est loin d’avoir fait l’unanimité. Lumos sur un phénomène cinématographique qui a réussi à diviser les moldues mordues de magie que nous sommes.
Attention, si vous n’avez pas encore vu le film, cet article risque de vous spoiler ! Vous voilà prévenus !
Nous sommes en 1926 – soit 65 ans avant l’entrée d’Harry à Poudlard – à New-York, car c’est cette fois de l’autre côté de l’Atlantique que le film prend place. La ville est en proie à une force noire dévastatrice. Pire encore, le monde des sorciers court un grand danger puisque son existence risque d’être dévoilée au grand jour. Et pour couronner le tout, Gellert Grindewald, le sorcier dont les pouvoirs redoutables ont ravagé l’Europe, est toujours introuvable…
Nous démarrons l’histoire quand Norbert Dragonneau pose sa valise sur le sol américain. Et quelle valise ! Renfermant un univers entier peuplé de créatures fantastiques au-delà de l’imaginable, le bagage de Norbert (dont le patronyme anglais Newt Scamander ne nous est pas inconnu), est sur le point de rajouter sa touche personnelle à la pagaille new-yorkaise…
J.K. Rowling, cette éternelle madeleine de Proust – sous la baguette de Coco
Au moment d’écrire le synopsis en quelques lignes, je suis confrontée à la difficulté de synthétiser, là où, pourtant, la trame m’avait semblée limpide lors de ma découverte du film. C’est que les intrigues, les personnages et les nouveaux univers se succèdent, se superposent et finissent par s’enchevêtrer. Difficile en effet de faire simple lorsqu’on pose les bases d’une nouvelle pentalogie. Mais rassurez-vous donc, cela n’enlève toutefois rien à la magie de cette nouvelle série…
Wingardium Leviosa. Et Coco lévite. Mieux qu’un Portoloin égaré en plein Cinéscope. Je suis transportée. Nous révions tous, Potterhead dans l’âme, du retour de l’univers si magiquement enivrant de cette virtuose du fantastique. Et elle l’a fait. Dès les premières secondes du film, je suis à nouveau l’enfant pleine d’espoir et d’attentes que je fus, lors de ma toute première séance cinéma d’Harry Potter à l’école des sorciers.
Loin de Poudlard, c’est près d’Ilvermony que l’auteure nous emmène (notons l’amusant clin d’œil à la rivalité entre les universités anglaises et américaines). Les codes demeurent toutefois identiques, même un demi-siècle plus tôt : les événements magiquement incompris par les moldus font la Une des journaux. Les gobelins sont déjà très près de leur or. Et les toilettes pour rejoindre le Ministère de la Magie ont laissé place au tourniquet sans fin du MACUSA. Les clins d’œil à l’univers que nous chérissons tant sont ainsi nombreux, mais particulièrement subtils – qu’il s’agisse des noms, des dialogues ou encore des accessoires.
Si même après tout ce temps, la bande d’Harry et le trio en –us – Sirius, Severus et Albus – nous manqueront toujours, force est de constater que les personnages et leur psychologie sont à nouveau fort bien ficelés. Parmi ces personnages qui sonnent juste – notamment grâce au casting d’exception – , j’ai jeté mon dévolu sur Jacob, ce moldu (ou plutôt « non-maj ») merveilleusement émerveillé, pataud à souhaits et tellement attachant dans sa confrontation au monde des sorciers.
« Je sais que je ne rêve pas… je n’ai pas assez d’imagination » : voilà ce que déclare justement le boulanger mordu, sorte de Sancho Panza du monde magique, à son entrée dans la valise sans fond de Norbert – non sans rappeler le fabuleux sac d’Hermione. Et de l’imagination, ce n’est pas ce qui manque chez J.K. Rowling au moment de nous présenter ces dizaines de créateurs plus fantastiques et intrigantes les unes que les autres ! (avec le Niffleur qui gagne, sans doute aucun, le titre de la plus mignonne des mini-créatures magiques).
Avec des sujets bien actuels, comme une morale empreinte d’écologie, avec la protection des espèces et de leur environnement, ce nouvel opus de Rowling est bien dans son temps, malgré les années qui nous séparent de l’action du film. Une préoccupation écologique doublée d’une morale politique, notamment dans la confrontation entre les différents idéaux, allant de la domination par la force de Graves au monde égalitaire de Norbert, en passant par l’approche conservatrice et sécuritaire de la présidente de MACUSA.
Bref, un retour en force, en tours et en baguettes, qui n’a fait, je vous l’assure, que raviver la flamme de ma passion pour le merveilleux monde de l’auteure.
Tristesse & déception – sous la baguette de Charlie
Je ne suis que déception. Connaissant les talents respectifs de J.K.Rowling et de David Yates (le réalisateur des quatre derniers Harry Potter), je m’attendais à quelque chose de lourd pour ce spin off. Quelle ne fut pas ma déception… J’entends déjà vos arguments fuser de toute part, alors avant d’entamer votre logorrhée, laissez-moi tout de même reconnaître certaines qualités aux Animaux Fantastiques.
Oui, l’univers est une fois de plus incroyablement bien pensé. Rowling semble insatiable en matière d’inventions magiques. Les animaux sont tous plus inventifs les uns que les autres. Par ailleurs, la reconstitution du vieux New York des années vingt paraît également très authentique. Les vieilles voitures, les rues pavées, les clubs de jazz, tous ces éléments donnent au film une dimension nouvelle au monde des sorciers. Un bon coup de frais qui fait du bien. Ensuite, je reconnais également que les personnages développés changent pas mal de ceux qu’on avait l’habitude de voir dans HP. Cela dit, même là, ce n’est pas toujours pour un mieux. Le gros Jacob donne bien sûr une touche humoristique au film, mais de manière générale, j’ai trouvé les personnages trop lisses, trop dichotomiques, trop caricaturaux pour être pris au sérieux. Finalement, et aussi étonnant que cela puisse paraître, j’ai trouvé que les Animaux Fantastiques s’adressaient davantage à un jeune public que la saga HP. Quand je pense à des personnages comme Rogue ou Dumbledore, ils possédaient nettement plus de profondeur, de complexité, de psychologie que n’importe quel protagoniste des Animaux Fantastiques.
À vrai dire, – et c’est ici que le bât blesse… – ce manque de profondeur ne concerne pas uniquement les personnages du film. J’ai trouvé le scénario global mal ficelé, pas suffisamment développé. Et c’est principalement pour ça que je suis autant déçue de ce film. Selon moi, Rowling avait toutes les cartes en mains pour produire un très bon film : univers inventif et bien construit, tandem de personnages qui fonctionnent bien ensemble, et surtout des idées intéressantes au niveau de l’intrigue (notamment cette espèce de « fumée » noire que certains enfants opprimés développent). Et pourtant… tout paraît mal introduit, mal développé.
La première partie du film ressemble à un documentaire animalier. Il ne se passe strictement rien. Personnellement, je me suis faite royalement chier à suivre chaque description animale. À nouveau, le gouffre qui sépare ce navet (appelons un chat, un chat) de la sage originale se creuse. Dans HP, l’univers fantastique, en plus d’être incroyablement bien pensé, SERT l’histoire. Dans ce cas-ci, l’univers, C’EST l’histoire. En fin de compte, la véritable intrigue du film (cette histoire de fumée et d’enfants, donc) survient beaucoup trop tard, et se boucle en vingt minutes à peine. Selon moi, il y aurait eu moyen de développer mille fois mieux cette intrigue, de lui faire prendre plus d’ampleur et de profondeur. Pour le coup, on dirait que Rowling a écrit le scénar’ sur un bout de table, entre deux godets au bistrot du coin. Dommage… Vraiment dommage.
Par ailleurs, j’ai également été déçue du manque de références à l’univers HP. À part quelques allusions à Poudlard, Dumbledore, et une certaine Leta Lestrange, je n’ai pas trouvé grand chose à me mettre sous la dent. J’aurais aimé en apprendre davantage sur des personnages secondaires non-exploités dans HP. J’aurais été toute disposée à passer sous silence ce dernier reproche si le scénario général n’avait pas été si mauvais. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Je vous l’avais dit, je ne suis que déception… Enfin, je vous rassure, en tant que fan invétérée, cela ne m’empêchera pas d’aller voir la suite. Sans rancune, ma chère J.K. ? 😉
Et vous, vous en avez pensé quoi de ce spin off ? On attend vos avis !
Potterheadement vôtre,
Coco & Charlie